Life is what happens to you while you’re busy making other plans

La vie, c’est ce qui t’arrive pendant que tu es occupé à faire d’autres projets (John Lennon)

L’histoire contée par ce blog a commencé en l’an 1980, dans la plus grande ville de la petite Suisse. C’est là que je suis née, douze jours après les cinq coups de feu qui mirent fin à la vie de John Lennon. Quelque part à cheval entre le Sagittaire et le Capricorne, mais avec une personnalité franchement sagittarienne, d’un optimisme increvable, teinté d’un égo plutôt déterminé (Ascendant Lion), pas mal d’ambition et de perfectionnisme (Mars en Capricorne), avec un don indéniable pour la parole et la communication (Lune en Gémeaux), et suffisamment d’altruisme pour équilibrer le tout (Jupiter en Balance). Mes parents me baptisent Myriam, mes amis m’appellent Mymy.

1980-1986: Mon enfance

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« Hurra, unser Knopf ist da! » C’est ainsi que mes parents  annoncent, le 20 décembre 1980, la naissance de leur premier enfant. Je mesure 47.5 cm et pèse 3300 g. Quelques heures après ma naissance, le diagnostic effrayant: « Gaumenspalten ». A cause d’une bourde pendant mon embryogenèse – un enfant sur 700 naît avec une fente palatine – mon os palatin ne s’est pas complètement développé et la voûte de mon palais est restée ouverte. On m’affuble immédiatement d’une prothèse palatine. Plusieurs opérations vont se succéder pour réparer mon palais, la dernière en 1985.

La fente palatine ne m’empêchera pas d’être un enfant bavard. Mes parents, tous deux originaires de la Suisse alémanique, se sont rencontrés dans le canton de Vaud. Je grandis dans un environnement partagé en deux réalités linguistiques: la langue de la maison est l’allemand, celle de l’école et de mes amis le français. Comme la plupart des bilingues, j’ai toujours été très désemparée face à la question existentielle: « Mais alors, c’est quoi ta langue maternelle? ». Aujourd’hui, je réponds sans hésiter: ma langue maternelle, c’est le bilinguisme.

En 1984, mes parents quittent définitivement leur appartement dans la banlieue de Zurich. Mais avant d’aller s’installer en Suisse romande, il nous faudra faire un petit détour par l’Asie, où l’entreprise de mon père l’envoie pour un mandat de deux ans.

A Singapoure, je passe le temps à barboter dans l’eau et à me promener en petite culotte. La chaleur et l’humidité étouffante ne m’impressionnent guère. Mes parents m’inscrivent à l’école enfantine de la Swiss School. J’apprends très vite des rudiments d’anglais qui suffisent pour papoter avec les autres enfants. Et bientôt, j’ai mon camarade de jeu attitré: mon frère Marc naît en août 1984, un Lion né dans la ville du Lion.

Je garde des souvenirs épars de mes années à Singapoure. Je pourrais vous raconter les inondations, les noix de coco, la piscine, le thermomètre cassé, l’accident de mon camarade de classe, le miroir et ma coiffure que je détestais, ou les dessins animés chinois que je regardais pour passer le temps. En 1986, nous rentrons au pays pour nous installer définitivement dans le canton de Vaud.

1986-1992: Mes années d’école primaire

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J’entre à l’école enfantine avec un bras dans le plâtre (un stupide accident sur la place de jeux d’un restoroute) et sans un traître mot de français. Je suis désemparée devant mes petits camarades qui me demandent ce qui m’est arrivé en désignant mon plâtre. A l’école primaire, mon enseignante conseille à mes parents de me parler en français à la maison, « sinon elle n’apprendra jamais correctement le français ». Dans les années huitante, le bilinguisme était encore considéré comme une « surcharge cognitive ». Heureusement, mes parents font fi du conseil de mon enseignante et continuent à parler le dialecte suisse allemand à la maison. Et mon français s’améliore bien assez vite: à peine quelques années plus tard, j’excelle en rédaction et j’écris même des poèmes pendant mes heures perdues.

En septembre 1988, mon frère René vient grossir les rangs de la famille. En 1992, je termine la cinquième primaire et je passe en « prégymnasiale », section latin-grec.

1992-1996: Mes années de collège

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Mes années de collège ne me laisseront pas beaucoup de bons souvenirs. Par je-ne-sais quelle curieuse coïncidence, je cumule tous les défauts possibles et imaginables: suisse-allemande (!), intello, petite, maigre, moche, pas à la mode… Je deviens rapidement la cible de toutes les mauvaises plaisanteries. Il faudra attendre la fin de la neuvième année pour que cesse ce petit jeu d’adolescents, et qu’on me laisse enfin prendre confiance en moi.

En 1995, après avoir vu la comédie musicale Hair à l’Auditorium Stravinsky de Montreux, mes pensées se tournent vers l’ère du Verseau. Les pattes d’éléphant cousus par ma maman et le signe peace&love ne me quitteront plus pendant près de trois ans et demi. Une décision qui me vaudra de nombreuses remarques, de nombreuses discussions philosophiques, mais qui contribuera surtout à forger définitivement ma personnalité. Des figures de proue de la génération hippie – John Lennon en particulier – deviennent mon inspiration au quotidien. En 1995, je commence même à prendre des cours de guitare – juste assez pour gratter quelques accords autour du feu, comme il se doit!

1996-1999: Mes années de gymnase

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En août 1996, je commence l’école post-obligatoire. Dans le canton de Vaud, on l’appelle le gymnase, un terme que les Romands ont emprunté à l’allemand. Mon gymnase s’appelle « Centre d’enseignement secondaire supérieur de l’Est Vaudois », mais tout le monde l’appelle affectueusement le Cessev.

Mes années de gymnase ont été dans beaucoup de domaines des années décisives de ma jeunesse. J’y confirme ma passion pour le journalisme en reprenant en 1997 la rédaction en chef du journal du Cessev, Le Petit Gymnase dans la Prairie. Je m’inscris à la troupe de théâtre du Cessev et participe à trois spectacles. Grâce à mon intégration dans un nouveau groupe d’amis, le LPC (langage parlé complété, appui à la lecture labiale pour les personnes sourdes et malentendantes) fait son apparition dans ma vie.

En mai 1999, je participe à la 19e édition du Certamen Ciceronianum Arpinas, un concours international de version latine à Arpino en Italie.. Nous ne sommes que 17 candidats suisses, dont 11 Romands… sur les quelques 561 participants! Quelle est donc ma surprise lorsque j’apprends le 9 mai que ma traduction et mon commentaire sur Cicéron m’ont valu la médaille d’or!

En juillet 1999, après avoir reçu mon baccalauréat et ma maturité fédérale en latin-grec, je pars continuer ma formation à l’Université de Lausanne.

1999-2004: Ma vie d’universitaire

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Inscrite à l’Université de Lausanne en Faculté de Lettres, j’étudie la littérature française, la philosophie, et l’histoire des religions. La première année d’université est l’occasion de laisser tomber quelques routines, notamment mon peace & love et mes pattes d’éph que je range au fond d’un tiroir. La deuxième année, je deviens cheffe de la rubrique Culture de L’Auditoire, le journal édité par la Fédération des Associations d’Etudiants. Je confirme également ma passion pour le théâtre en jouant dans trois pièces de la troupe des 3/4 à Montreux. La tournée avec la pièce François ou le rire de Dieu me permet même de mettre à profit mes cours de guitare sur scène!

En 2001, je décide de profiter des longues vacances universitaires pour apprendre une nouvelle langue. Je choisis l’espagnol, et c’est ainsi que j’arrive à Salamanque, début septembre 2001, pour un mois de séjour linguistique dans une école de langue. Cette décision changera le cours de ma vie, puisque c’est ici que je fais la connaissance, trois semaines plus tard, dans une discothèque, de mon compagnon Héctor. Dorénavant, les vacances universitaires sont réservées à nos rencontres. Pendant trois longues années de relation à distance, nous nous voyons en moyenne tous les trois mois.

En septembre 2004, j’obtiens enfin ma licence ès Lettres. En parallèle, je termine ma formation menant au certificat de formatrice d’adultes. Je décroche mon premier job dans une école pour séjours linguistiques à Lausanne. Mon premier salaire me permet de louer un petit appartement à Lausanne et de quitter le domicile familial.

2005-2007: Premier travail, premier appartement

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En décembre 2004, je m’installe à Lausanne. Héctor me rejoint en janvier 2005 avec l’intention de chercher du travail en Suisse. Il vient de terminer sa formation professionnelle comme électronicien. Les accords bilatéraux avec l’Union européenne entrent en vigueur en 2005: en théorie, les ressortissants européens ont les mêmes droits que les Suisses sur le marché de l’emploi. Mais en pratique, la majorité des employeurs l’ignorent encore. Nous galérons donc un peu avant de trouver un emploi convenable. Au printemps 2005, Héctor commence à travailler comme électronicien au service après-vente dans une entreprise près de Genève. Quelques années plus tard, il se spécialisera dans le domaine de la sécurité des bâtiments.

En été 2007, après avoir obtenu mon brevet fédéral de formatrice d’adultes, je décroche un poste de responsable pédagogique dans une association à Lausanne. A 27 ans à peine, je suis en charge de l’accompagnement d’une centaine de bénévoles qui donnent des cours français gratuits à des migrants adultes en précarité.

2007-2012: Dans le Gros-de-Vaud… et sur les routes!

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En 2007, nous nous installons dans un charmant appartement mansardé dans le Gros-de-Vaud. Le village, répondant au doux nom de Bretigny-sur-Morrens, compte à peine 700 habitants. Nous profitons de l’air pur, de la tranquillité, des forêts qui nous invitent à faire de longues balades. Mais Héctor profite surtout d’avoir enfin un garage digne de ce nom et de s’acheter les véhicules dont il rêvait depuis longtemps: la Ducati Monster, la Honda Civic Type R (édition limitée s’il vous plaît), et enfin la moto de ses rêves, la Ducati 999.

C’est de notre époque à Bretigny que date mon initiation à la couture. En 2010, je couds ma première robe pour assister au mariage médiéval d’un couple d’amis. La même année pour mon anniversaire, ma grand-mère m’offre ma première « vraie » machine à coudre, la Pfaff expression 2.0.

Début 2012, après 5 ans au poste de responsable pédagogique, j’ai besoin d’un nouveau défi professionnel. Je cherche auprès des entreprise internationales… mais aussi du côté de la Confédération. Et c’est ainsi que je décroche, en mai 2012, un poste comme conseillère scientifique à l’Office fédéral des migrations… à Berne.

2012-2016: Dans notre petite Bulle…

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A mi-chemin entre Lausanne et Berne, nous nous installons en 2012 dans la petite ville de Bulle.  Entourée de montagnes, avec son château illuminé, ses nombreuses boutiques et terrasses, Bulle a su garder un charme certain, malgré une croissance démographique exponentielle.

Nous profitons de notre installation à Bulle pour nous acheter des VTT. Pour la première fois depuis l’âge de 10 ans environ (?), je remets les pieds sur les pédales d’un vélo… La première expérience se solde par une excursion aux urgences et quelques points de suture au menton.

En plus du VTT, Héctor se trouve une nouvelle passion: les sorties sur circuit moto. Il s’achète une fourgonnette et une BMW S1000 qu’il prépare avec des carénages en fibre et une selle circuit. Nous passons des vacances romantiques sur le paddock de divers circuits européens: Anneau du Rhin, Montmeló, Castellet, Aragón, Misano, Lédenon… Héctor sur sa moto, moi généralement dans le « box » sur une chaise pliable avec un bouquin.

En 2016, nous commençons sérieusement à souffrir des trajets et de la charge de travail dans nos emplois respectifs.Nous prenons la décision – un peu à contrecoeur il est vrai – de quitter notre petite Bulle et de déménager dans la région de Berne, plus près de mon travail. En l’espace de quelques mois, nous trouvons non seulement un appartement à notre goût mais également un nouvel emploi pour Héctor. C’est ainsi que nous déménageons en juin 2016 à Ostermundigen. Ironie du sort: ma maman a grandi dans cette commune à l’est de Berne, mes grands-parents y ont vécu jusqu’à leur décès. C’est en quelque sorte un drôle de retour aux sources!

2016-2019: De l’autre côté du Röstigraben

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Nous nous installons en juin 2016 dans un bel appartement à Ostermundigen, une commune de 17’000 habitants à l’est de Berne. Avec le bus et le tram, je rejoins ma place de travail en un temps record de 35 minutes de porte à porte! Je gagne donc près de 2h de trajet par jour de travail. Autant de temps et d’énergie retrouvée que je décide aussitôt de mettre à profit pour mes loisirs créatifs. Dans une des pièces de notre appartement, j’installe enfin un atelier de couture digne de ce nom.

Notre nouveau domicile aux portes de l’Oberland bernois nous permet aussi de découvrir de nouveaux chemins de randonnées et de magnifiques panoramas. Je ressors aussi avec bonheur mes patins à roulettes, car vive le Mittelland et ses chemins plats! Héctor se découvre une nouvelle passion pour l’aéromodélisme, un sport très tendance chez les Alémaniques. Il s’inscrit au club d’aéromodélisme de Münchenbuchsee.

Pendant ce temps, je renoue avec un hobby que j’avais abandonné depuis bien trop longtemps: le théâtre! En 2018 je m’inscris d’abord à une troupe de théâtre anglophone, puis à l’association amateur chäller-kumedi qui joue dans le petit Zytglogge-Theater en vieille ville de Berne. J’ai beaucoup de plaisir à retrouver le monde du théâtre, que je combine d’ailleurs avec ma passion pour la couture en me lançant dans la confection de costumes.

Ce renouveau culturel me donne envie de battre de nouvelles ailes dans ma vie professionnelle. Après plus de 10 ans dans le domaine de la migration et de l’intégration linguistique, je me lance un nouveau défi professionnel en postulant à l’Office fédéral de la culture en 2018.

2020-2021: Les années corona

L’année 2020 apporte un changement auquel personne ne s’attendait. Le méchant coronavirus vient complètement chambouler notre quotidien et remettre en question tous nos projets. On annule les voyages et les représentations de théâtre; nos vies deviennent casanières, entre confinement, télétravail et loisirs à la maison. Ce n’est peut-être pas un hasard si le plus grand projet que nous réalisons pendant les années corona est celui de devenir propriétaires de nos propres quatre murs! En effet, en juin 2021, nous achetons pour notre plus grand bonheur une petite maison à la campagne entre Berne et Soleure. A nous les weekends de bricolage à l’ombre du carport et les longues soirées à profiter des derniers rayons de soleil dans le jardin! Un nouveau chapitre de notre vie commence!

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